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Gerda Taro

Vous connaissez Gerda Taro ? Photographe de guerre et militante antifasciste, elle marqua l’histoire de la photographie en quelques mois, tuée sur le front alors qu’elle couvrait la guerre civile espagnole au plus près des combats. Elle n’avait pas 27 ans.



Espagne, 1937.

Gerda a une idée en tête : couvrir une victoire de l’armée républicaine.

Elle est la première à le faire. Le 22 juillet, Regards publie ses photos : des combattants républicains peignant sur un mur une faucille et un marteau après avoir barré le dessin du faisceau de flèches et le cri de guerre franquiste "¡Arriba España!".


Le reportage est signé Gerda Taro. C’est sous cette identité que Gerda Pohorylle couvre, au plus près des combats, la guerre civile en Espagne déclenchée par l’insurrection des troupes nationalistes du général Franco contre le gouvernement républicain élu.


Capturer les regards des combattant·es républicain·es, la préparation, la concentration, la fatigue, la violence des soldats de Franco, les dégâts causés dans les villages, la violence subie par les populations… la victoire aussi. La victoire des républicains sur les fascistes. C’est pour cela qu’elle est venue en Espagne. Pour y être. Pour en être. Pour nous montrer. C’est sa contribution à la lutte antifasciste.


Elle prévoit de repartir à Paris – où elle s’est installée après avoir fui l’Allemagne nazie en 1933 – le 26 juillet et annonce à ses camarades une grande fête pour la veille de son départ, histoire de dire aurevoir et de fêter en avance, tous ensemble, ses 27 ans.


Le 25 juillet, tôt le matin, Gerda demande à son ami Ted Allan, le commissaire politique de l’unité médicale du docteur canadien Norman Bethune, de l’accompagner pour une dernière excursion sur la ligne de front de Brunete, près de Madrid. Elle a trouvé une voiture et un chauffeur français pour les y emmener. Arrivé·es au PC du général Walter, de son vrai nom Karol Swierczewski, celui-ci leur ordonne de repartir sur le champ : l’assaut franquiste peut intervenir d’une minute à l’autre.


Gerda reste. Ted aussi.


Les rafales de mitrailleuse, les bombes, les obus se rapprochent. Elle épuise sa provision de pellicules depuis la tranchée où elle est tapie. Elle tient son meilleur reportage et le livrera à Paris dès demain. Elle voit refluer les premières lignes républicaines en débandade. Sur la route, c’est la confusion ; corps morts et blessés jonchent le sol, fuyards et véhicules se chevauchent. Elle monte sur le marchepied de la voiture du général Walter affectée au transport des blessés à Madrid. Un char républicain de fabrication russe échappe au contrôle de son conducteur et la prend en écharpe. Un hurlement. Gerda, éventrée, git dans un fossé.


Elle est amenée à l’hôpital de l’Escurial : "Est-ce que mes appareils sont bien là ? Est-ce qu’ils sont cassés ?"…


Elle succombe à ses blessures le lendemain.

A nouveau, elle est la première. La première femme photographe de guerre à mourir au travail.


A son enterrement, le 1er août 1937, plusieurs milliers de personnes sont réunies au cimetière du Père Lachaise à Paris. Pablo Neruda et Louis Aragon prononcent son éloge funèbre. L’émotion internationale suscitée par la mort de la jeune photographe ne l’empêche pas de sombrer dans l’oubli.


70 ans plus tard, en 2007, des milliers de négatifs sont retrouvés dans une valise, "la valise mexicaine". Entre temps, une grande partie de ses photographies a été attribuée à son compagnon, le photographe hongrois Endre Ernő Friedmann, qu'elle a fait connaître sous le nom de Robert Capa...


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