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Indira Gandhi

Vous connaissez Indira Gandhi ? Non, ce n'est pas la fille ou la nièce du Mahatma Gandhi. C’est la première Première Ministre de l’Inde indépendante qui joua habilement le jeu de la Guerre Froide pour faire entendre sa voix et imposer l’Inde sur la scène des puissances mondiales.


Dans la famille Nehru, une seule chose comptait : le combat pour libérer l’Inde.

Son grand-père, Motilal, avait fondé le parti du Congrès. Son père, Jawaharlal, dirigeait la lutte indépendantiste. La célèbre militante Sarojini Naidu était une amie de la famille et le guide spirituel de l’Inde, le Mahatma Gandhi, son parrain. Le hasard (ou le destin, appelez cela comme vous voulez) a voulu qu’elle épouse un homme qui partage le même nom que lui.


Le jour de l’Indépendance, son père devient Premier Ministre. Pendant 17 ans, Indira l'accompagne partout, traverse toutes les crises à ses côtés et rencontre les "grands" de ce monde. Les dorures, le protocole, les intrigues, Indira observe et apprend.


Quand son père succombe à une crise cardiaque, Indira Gandhi est prête. Elle a 47 ans. Très vite, elle s’impose à la tête du pays. Pour les Indiens, c’est une évidence : qui d’autre que la fille du Père de la Nation ?


550 millions d’Indiens. Quand tu diriges un pays pareil, une chose est sûre : tu pèses dans le concert des nations. Chacun de tes gestes est scruté, analysé. Mais toi, ça ne t’impressionne pas. Tu t’appelles Indira Gandhi et tu es née pour ça. Tu es tranquille, confiante, prête à tout. La tâche qui l’attend est titanesque : sortir l’Inde du sous-développement et en faire une puissance du XXe siècle.


Mais avant de pouvoir s’y consacrer, elle va devoir régler la plus grosse crise que le pays ait connu depuis l’Indépendance. Fin mars 1971, un flot ininterrompu d’enfants, de vieillard·es, de femmes et d’hommes, effrayé·s, affamé·s, traverse la frontière qui sépare le Pakistan oriental de l’Inde. I·elles fuient la mort, les viols de masse, l’horreur systématique. Leur crime ? Avoir voulu créer un pays à eux, le Bangladesh.


Indira Gandhi décide de se rendre à Washington pour faire entendre raison au président Richard Nixon, le principal allié des généraux pakistanais.


"Il n’a pas été facile de partir au moment où l’Inde est assiégée. Aux catastrophes naturelles, sécheresse, inondations, cyclones, s’est ajoutée une tragédie humaine d’une grande ampleur. Je suis hantée par les visages tourmentés dans nos camps de réfugiés surpeuplés qui rappellent les terribles événements qui ont forcé l’exode de millions de gens pour fuir le Bengale oriental. Je suis venue ici chercher (…) une sage initiative qui, comme l’a montré l’Histoire, a parfois réussi à sauver l’humanité du désespoir."

S’il sourit pour la caméra, Nixon n’a aucune intention de changer sa position. Au contraire, il continue d’envoyer des armes au Pakistan. Pragmatique, Indira se tourne alors vers le pire ennemi des Américains : l’Union Soviétique, avec qui elle signe un traité d’amitié.


Maintenant qu’elle a assuré ses arrières, elle affiche ouvertement son soutien aux indépendantistes du Bangladesh. Lorsque le Pakistan lui déclare la guerre, Indira est sereine. Son armée est bien plus puissante que celle de son adversaire. Le lendemain, elle envahit le Pakistan oriental. Pour l'intimider parce qu'il a peur de voir son allié s’effondrer en quelques jours, Nixon envoie son plus gros porte-avion nucléaire dans le Golfe du Bengale. L’Union Soviétique le réduit à l'impuissance en encerclant sa flotte avec ses sous-marins nucléaires. Privés du soutien américain, les généraux pakistanais renoncent. Le Bangladesh devient un pays indépendant.


Grâce aux Soviétiques, Indira Gandhi a gagné mais elle ne veut plus que l’Inde dépende de quiconque. Elle décide de doter son pays de l’arme atomique. Moins de 30 ans après l’Indépendance, l’Inde fait son entrée dans le tout petit club des nations possédant la bombe nucléaire. Pour le meilleur ou pour le pire, l’ancienne colonie est maintenant l’égale des plus grandes puissances de la planète.


Texte inspiré du documentaire Décolonisations de Karim Miské, Marc Ball et Pierre Singaravélou.

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