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Julia Pirotte

Vous connaissez Julia Pirotte ? Photojournaliste juive polonaise réfugiée en France, elle s’engage dans la Résistance à Marseille et devient agente de liaison pour les FTP-MOI. Ses photographies, témoignages empreints d’humanité de la 2e Guerre Mondiale, ont fait le tour du monde sans que son nom soit toujours crédité.



Julia (Golda Perla Diament) naît en Pologne en 1907 dans une famille juive pauvre. Son père est mineur. Engagée dans les Jeunesses Communistes, elle est arrêtée à 17 ans et passe quatre ans en prison. En 1934, elle fuit son pays, aidée par l’organisation du Secours rouge international. Elle veut rejoindre sa sœur Mindla, réfugiée en France.


En chemin, elle tombe malade et doit s’arrêter en Belgique où elle trouve un travail dans une usine et épouse Jean Pirotte, un syndicaliste. Elle suit les cours du soir à l’école de journalisme et une formation en photographie. Elle réalise ses premières missions comme photojournaliste à la fin des années 1930 : une enquête sur les mineurs polonais à Charleroi pour une revue syndicale.


Suite à l’invasion de la Belgique par les nazis en 1940, elle prend à nouveau le chemin de l’exil et s’installe à Marseille. Elle commence à travailler comme ouvrière dans une usine d’aviation et comme photographe sur une plage privée.


Elle s’engage dès 1941 dans la Résistance. Grâce à sa carte de presse, elle peut circuler plus facilement, elle transporte des tracts et des armes. Elle a aussi accès à du matériel, du papier pour faire des photos et donc aussi pour fabriquer des faux papiers.


En 1942, devient agente de liaison pour les FTP-MOI (Francs Tireurs Partisans – Main d’Œuvre Immigrée). Elle a tout le temps son appareil photo avec elle parce qu’elle pense ne pas survivre à la guerre. Juive polonaise résistante, elle risque une arrestation à tout moment.


Elle est engagée comme photojournaliste pour la presse locale : le Dimanche illustré, la Marseillaise, le Midi Rouge, entre autres. Elle documente le quotidien difficile des habitant·es du Vieux-Port. Elle accède aussi au camp de Bompard, où plus de 150 femmes et enfants allemandes et autrichiennes sont internées avant d’être transférées à Drancy pour être déportées à Auschwitz. Son reportage est la dernière trace de ces personnes.


Elle ne documente pas la Résistance ; elle témoigne. Elle rend compte de l’activité de groupes dont elle fait partie et pose un regard intimiste sur les Résistant·es. Elle photographie les yeux, les mains, les âmes. On retrouve dans ses portraits un enfant des rues, un mineur, un paysan, une combattante... Des visages qu’elle traite avec une attention particulière, une réelle intention. C’est cette humanité qui caractérise son style.


« Quand je ressens un battement de cœur, je sais que ce sera une bonne photo. »

Quand en août 1944 l’insurrection de Marseille éclate, Julia Pirotte y prend part. L’insurrection commence par l’appel à la grève générale le 19 août 1944, puis les FTP-MOI arrivent et les combats de rues commencent. Le 21 août les Résistants prennent la Préfecture. Elle documente par ses photographies les différents moments de la journée. Julia immortalise les barricades, l’engagement de ces hommes et de ces femmes, leurs regards, leur concentration.


Après la guerre, ses photographies vont être massivement diffusées, souvent sans que son nom ne soit crédité.


Julia Pirotte rentre en Pologne, un pays en pleine reconstruction. En 1946, elle est l’une des seules photographes présent·es à Kielce juste après le pogrom. Son reportage est un témoignage poignant sur l’antisémitisme toujours virulent dans son pays. Elle co-fonde et dirige pendant deux ans l’Agence de photographie militaire (WAF). Elle couvre les convois de rapatriement des mineurs polonais de France puis, en 1948, le Congrès mondial des intellectuels pour la paix de Wroclaw auquel participent entre autres Pablo Picasso, Irène Joliot-Curie et Aimé Césaire dont elle fait des portraits empreints d’humanité.


Elle organise sa première exposition à Arles en 1981, puis une deuxième à New York en 1984. Suivent Stockholm, Charleroi, Paris, Varsovie, Bratislava… C’est le début de la reconnaissance de son travail et de son talent. Elle a près de 80 ans.



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